Avec 4 artistes, Stéphane Cise, Juliette Dennemont, Mathilde Lauret, Jayce Salez. Dans ce laboratoire artistique, les quatre créateur·trices — qui emploient les technologies du XXIe siècle — abordent les questions de la relation aux vivants, de la perception du silence, de la musicalité des corps ou encore de la cartographie de l’infiniment loin.

Un lieu, deux expos.
Une soirée vernissage riche.
Vendredi 8 octobre 2021, 18h.
Longère Sudel Fuma, Saint-Paul

“AVEC
Stéphane Cise, Juliette Dennemont, Mathilde Lauret, Jayce Salez
Il y a dans la notion de protocole la volonté d’une d’observation méthodique s’appuyant sur un ensemble de règles qui permettent de vérifier une hypothèse. Sensitif, pour sa part, est un adjectif qui qualifie cet état fragile et réceptif grâce auquel on identifie des impressions, des perceptions. Protocoles sensitifs est inspiré du comportement de la sensitive, Mimosa pudica, une plante que l’on qualifie de « timide » puisqu’elle se replie au moindre contact. Cette réaction, expliquée par la science, reste une expérience magique. Lorsqu’on touche une sensitive, elle réagit. Cette interaction avec une forme de vie autre qu’animale provoque sur l’instant l’impression d’une rencontre inattendue. Quatre artistes, Juliette Dennnemont, Stéphane Cise, Mathilde Lauret, Jayce Salez, se sont interrogé·es sur ces rencontres inattendues, sur ces interdépendances, ces comportements, ces modes de communication, ces échos. Qu’ils soient plante, galet, coucher de soleil, air, vibration, silence, eau, les éléments font partie du monde et chaque déplacement humain influe sur leur existence, et réciproquement. C’est ce que les artistes cherchent à dévoiler. Dans ce laboratoire artistique, les quatre créateur·trices — qui emploient les technologies du XXIe siècle — abordent les questions de la relation aux vivants, de la perception du silence, de la musicalité des corps ou encore de la cartographie de l’infiniment loin. Les quatre œuvres invitent à être partie prenante des actions qu’elles engagent. Dans ce labo, le numérique souvent perçu comme froid et neutre, devient la porte d’accès à des mondes invisibles, des points de contact avec d’autres univers, des immersions dans la poésie et l’imaginaire. Protocoles sensitifs, c’est un peu l’atelier des artistes où se déploie le processus de création, où l’on présente les protocoles des œuvres vérifiant que les artistes sont aussi des chercheur·ses. Leurs méthodes sont différentes, mais l’un·e comme l’autre explorent les mondes possibles. Quand la science observe et déduit, l’artiste perçoit et transpose.

Brandon Gercara et Tatiana Patchama
Chef·fes d’orchestre”
Texte du FRAC Réunion.

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  • 6 octobre 2021
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Dédiée à une publication dans le courant du mois d’Avril 2021 sur le site d’une association de journalisme, l’ancienne journaliste en question n’a pas pu le publier en raison de difficultés personnelles et professionnelles. Comme j’ai mis de tout mon cœur sur cet article, je le partage sur mon site et détaillerai au fur et à mesure. Je pense qu’il est important que je vous partage un résumé de ma vie.

Entendons-nous mieux. Ecoutons-nous mieux. Ouvrez les portes !

Je vais vous partager mon histoire. Je suis Mathilde, artiste plasticienne.

J’insiste que c’est un parcours personnel, que chaque personne sourde est différente. Les actions que je mène en tant qu’artiste ou bénévole pour la visibilité des contraintes de la surdité, y sont intimement liées.

Je suis née en métropole au sein d’une famille créole-réunionnaise. Malgré des doutes de ma mère, les médecins pensent que j’ai des problèmes d’attention. Jusqu’à que le verdict tombe : je suis née sourde profonde bilatérale. Je suis la seule sourde de tous les membres de la famille. A cause de mes soucis de santé, je m’installe à La Réunion dès mes 5 ans. Mon frère naît le lendemain du choc de l’information que ma mère a eu. Ensemble, nous créons notre propre langage, mélangé de mots et de signes.

Mes parents décident de m’appareiller avec des contours d’oreilles, espérant que la technologie évolue et que je ne sois pas implantée sans mon consentement. C’est ainsi que j’apprends la langue de Molière à travers la Langue Parlée et Complétée (LPC) pendant plusieurs années d’orthophonie, afin d’être mieux intégrée dans la société des personnes entendantes. Ils craignent que la langue des signes française (LSF), apprise très tard par choix personnel, ne suffise pas pour mon intégration sociale et professionnelle. Ils ont su m’expliquer ces choix, que j’ai le droit de trouver difficile. Malgré une inquiétude de leur part, je continue sur le français qui me passionne. Un développement accru de ma créativité naît par mon observation constante par la vue, le toucher et l’imagination du monde silencieux, par une recherche identitaire dans laquelle j’ai vécu. L’art devient totalement accessible visuellement.

Mes parents me font découvrir une communauté sourde, car ils me font participer à plusieurs activités organisées par une association auprès différents profils d’enfants sourds. Très engagés pour l’intégration totale des enfants sourds, ils arrêtent épuisés quand j’obtiens mon baccalauréat. A aucun moment ils pensent que j’allais m’investir autant dans les études supérieures

Depuis toujours, je suis une personne sourde avec « le cul entre deux chaises » : l’une est un monde des entendants, l’autre est un monde des sourds. J’ai le sentiment d’avoir une multi-identité. Non seulement j’ai deux cultures, entendante et sourde, j’hérite aussi un métissage culturel et génétique réunionnais.

Une période scolaire rude

« On a le doit d’être sourd comme on veut et
personne ne peut imposer une façon d’être sourd ».

J.B

Les années scolaires sont difficiles. Malgré la présence d’amitiés fortes et durables, je subis des harcèlements, des agressions, une tentative de suicide et sans le cacher, le divorce de mes parents. Pendant des années, je culpabilise d’être sourde, persuadée d’être la source principale des difficultés. Je culpabilise de vouloir parler plusieurs langues. Cela forgera mon caractère, mon autonomie, mon indépendance, ma grande empathie à travers une forte résilience. Avec le temps, je réalise quel est le vrai combat : la sensibilisation.

Des inquiétudes et puis la crise sanitaire …

Avant même que le contexte du coronavirus arrive, j’ai failli abandonner mes études supérieures par manque de compensation LfPC ou de transcription écrite. La crise sanitaire tombe sur une année importante. On m’impose la LSF pour tous les contextes. J’ai essentiellement besoin de comprendre le français lors des cours complexes en vocabulaire, à travers la LfPC : j’ai refusé qu’on m’impose un mode de communication. Je veux un libre-arbitre, choisir ma langue et non parce que la crise sanitaire oblige à vivre avec les manques.

Je ne me suis jamais sentie handicapée, je suis imposée d’être dans une situation de handicap totale et qu’on m’isole de mes camarades entendants.

Cette crise multiplie les difficultés déjà connues dans les années précédentes : le sentiment d’isolement, le manque de compensation, les efforts de communication pour comprendre mon entourage. Je m’aperçois qu’un handicap peut tomber sur n’importe qui, sans crier gare ; qu’on ne peut pas le cacher ou l’ignorer tant que les contraintes persistent.

La société peine encore à vivre avec différentes communautés. La Réunion est très en retard : elle ignore encore comment compenser certaines contraintes du handicap car les personnes concernées ne sont pas toujours sensibilisées. La crise a tout de même positivement aidé à l’émergence d’outils de communications inscrits dans la technologie, encore inconnus.

Aujourd’hui les actions

Mes nombreuses actions sont nées de ma frustration, de mes peines mais surtout de l’envie et de mes espoirs d’améliorer les situations. Si ces actions représentent un grain de sable sur une plage, je crois en l’effet papillon. Je suis consciente d’être l’une des pionnières des profils sourds totalement oralisant sur l’île. D’autres amis sourds bilingues (LSF et français), comme Olivier AH-FA ou Joëlle MALET, m’ont été inspirants dans leur réussite jusqu’aux diplômes obtenus.

Mon parcours me fait devenir la première sourde utilisant la LfPC pour un diplôme en études supérieures sur La Réunion. J’ai compris ainsi que je dois continuer d’atteindre mes rêves et qu’un handicap ne doit pas être un frein.

Mes actions concernent la sensibilisation de la surdité et ses moyens de communication. Ils se focalisent sur l’accessibilité des services publics, l’accessibilité aux informations et le masque sanitaire qui couvre le visage. Notre communication est essentiellement visuelle. Depuis la crise sanitaire, les informations nous sont généralement invisibles, les masques nous rendent aveugles et nous obligent à être constamment infantilisés.

J’utilise mon travail artistique par passion, par curiosité envers le sonore autant que dans un contexte engagé, sensible et poétique. Je suis actuellement bénévole au conseil d’administration de l’ALPC et derrière le Pôle culture.

Je rends visible une solution alternative, je dis bien alternative et non la solution miracle, qui est le masque transparent.

J’ai milité à travers « Sourires Masques Transparents », toujours actif. J’informe le public des outils qui existent en dehors d’un appel téléphonique – on continue de demander par automatisme à une personne sourde d’appeler vers un fixe – et j’ai commencé à le faire via les réseaux sociaux. Il est vrai que le masque transparent est cher. Je sais que le monde autour de moi connaît peu le monde des sourds. J’espère que ce type de masque se développera en France et dans les départements ultramarins comme un masque chirurgical, attendu depuis des années, à destination des centres médicaux.

Avoir un handicap ne veut pas dire être faible.

On a beau me dire que mettre en place les choses prend du temps : les résultats positifs de mon parcours et de mes amis sont là.

On a tendance à ignorer le handicap, qui pourtant ne sélectionne personne ni aucun statut social : temporaire ou à vie, il tombe sur n’importe qui, même vous. Si je ne partage pas mes expériences, on ne prend pas connaissance des contraintes.

Pour notre avenir, mon avenir,
j’espère les contraintes minimisées,
afin de ne plus ressentir un handicap,
puisque nous ne l’avons pas choisi.

Mathilde lauret

On peut majoritairement retrouver mon travail artistique ou mon quotidien sur les réseaux sociaux Instagram mapile.deaf.art ou le site https://mathildelauretfr.wpcomstaging.com/

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  • 30 juin 2021

Aujourd’hui, je vous partage des nouvelles du lundi 21 Juin 2021 d’une collaboration d’ateliers, réalisés en interne en même temps que la Cité proposait son programme du Festival de la musique. Les ateliers étaient une sensibilisation à la surdité et la LfPC par Mme INGRAT Aurore ainsi que moi-même, “Entendre par la vue et le toucher avec la transcription graphique”.
Nous avons reçu des publics de 7 à 16 ans, entendants, sourds et malentendants.

Toute l’équipe était satisfaite, les jeunes publics ont découvert des ateliers riches en découvertes et en informations. Ils se sont ensuite adonnés à la pratique de la transcription sonore vers le graphisme.

Avec des formes et des couleurs, j’ai proposé une découverte et aidé à comment comprendre le protocole que j’ai créé pour un public lambda ; issu de ma sensibilité des vibrations sous des formes et des couleurs (synesthésie), j’ai pris tant de bien que de mal à établir un protocole accessible à tous et toutes. Je remarque que le spectre sonore en lumière colorée se basait sur des sons généralement audibles mais aucun ne proposait sur des basses fréquences et une perception des vibrations par le toucher. D’où le résultat du protocole, basé sur des calculs et une part de ma sensibilité sourde.

Il y a eu des résultats vraiment intéressants et beaucoup voulaient “entendre” les séquences sonores par les oreilles. Ce fut une belle expérience pour eux d’apprendre à ignorer ses oreilles et percevoir les vibrations qui se répandent dans la salle.
Nous remercions toute l’équipe de la Cité des Arts pour leur investissement et pour le projet réussi proposé par Océane Jean-Jacques, médiatrice et elle-même artiste-plasticienne.

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  • 30 juin 2021

Suite à de nombreuses demandes de la part des visiteurs, médiateurs ou médiatrices, étudiant(e)s… Je décide de consacrer un article sur la série de dessins “Les ricanements de mon corps”, suivie “Quand je joue avec elle”. Les dessins ont tous été réalisés pendant le premier confinement en 2020, dans le contexte de la crise sanitaire liée au COVID-19.

Il est bien sûr possible de commander. Le bloc de commande de dessins se trouve juste après la galerie des images, en fin de cette page.

Les dessins en question – texte explicatif à la fin

Les ricanements de mon corps,
Dessins A4, stylo noir, crayon rouge et pastel rouge,
La Réunion, Mars à Avril 2020

En effet, j’ai voulu représenter les ondes, les contractions perçues dans l’air, comme si on écrasait l’air ambiant où tout circule Pour le spectateur, c’est en effet rendre visible et donner une idée visuelle aux spectateurs qui ne connaît pas ce monde ou bien n’en est pas conscient (vu qu’il utilise souvent les oreilles) La peau est une surface par laquelle une frontière peut advenir entre soi et l’autre, entre son corps et le monde. Le corps renvoie à une « caverne sonore » pour reprendre la métaphore d’Anzieu*

*Eloge du silence, Albin Michel, éditions Albin Michel, collection Espaces libres, 1986

Je développe une possibilité de présenter un monde silencieux comme un récit sous formes d’images. Plusieurs dessins vont composer leur propre série, puisqu’ils reprennent le même thème à chaque fois : une écoute des bruits que j’entends à travers mon corps chaque jour, puisque je suis sourde de naissance. Le silence absolu n’existe pas, comme appuyait fermement autrefois le compositeur John Cage. Tous ces dessins détiennent une histoire avec ses tristes facettes : ils ont tous été réalisés pendant Le premier confinement lors de la crise sanitaire 2020 autour du covid-19, c’est à dire du mois de Mars 2020 à Avril 2020. Le confinement a amplifié le silence. Mon corps vivait déjà dans un silence bruyant quotidiennement, mais le silence du confinement, au lieu d’être totalement thérapeuthique, a doublé la cacophonie chaotique des bruits du corps. Le confinement a mis le corps à nu, le rendant invisible, presque invisible à cause de la présence de nombreuses vibrations. Les lignes noires délimitent les parties de mon corps que je vois à peine. La circulation sanguine s’intensifie, le coeur est un tambour que le voisinage pourrait entendre de leurs propres oreilles, les articulations du corps grincent, craquent, les muscles gloussent à chaque mouvement. Le rouge est une couleur, qui à travers un protocole que j’avais élaboré, représente les sons graves mais qui semblent “parler” de manière ardue ou passionnée. Les dessins sont devenus un témoignage d’un silence perçu par le corps, qui est devenu violent et doux à la fois, perçu précisément à certains endroits du corps. Souhaitant faire une présentation poétique avec douceur, je finis également par dessiner la violence du silence, que le corps sourd a pourtant l’habitude d’endurer. Il est devenu une véritable caverne sonore. Ce semblant mélange d’artifices de nuisances sonores inaudibles que je vis pendant le confinement m’a rappelé l’oeuvre de John Cage 4’33”, ou encore l’installation artistique “Plight” de Joseph Bueuys en 1985, que j’ai eu la chance d’expérimenter au Centre Pompidou en 2016. Ce rappel m’a motivé à dessiner, un médium que je n’utilise pas souvent afin de donner une transcription visuelle.Chez “Plight”, des gros rouleaux de feutres absorbaient des bruits, en présence d’un piano qui vient accentuer un certain silence. La pièce était plongée dans un silence, mais multipliait des bruits atténués.

La question de l’écoute est au cœur de la pièce historique de John Cage, 4’33’’ datant des années 50. Pour John Cage, cette pièce n’est pas une provocation voulue mais le fruit d’une très longue réflexion. L’idée du silence est étroitement liée à sa vision du monde. Le silence permet L’expérience d’un certain absolu, c’est-à-dire de l’univers tel qu’il existe réellement.
Plus concrètement, la pièce est constituée des sons que révèle ce silence, c’est-à-dire le bruit des chaises qui grincent, les soupirs des spectateurs, et autres bruits sans importance. Son idée conceptualisée se rapproche du silence que je perçois : il y a toujours un bruit, sans rien entendre. C’est un tout autre univers dans lequel je vis.

Le bruit a aussi une capacité de laisser des empreintes comme tout être vivant le fait, sur L’environnement ou sur nos corps. Je tente de garder en mémoire, à travers une poésie graphique mais faussement violente, les passages de certaines formes de silences, des bruits différents que je perçois. Ces oeuvres, ou la série, représente(nt) une grande part de mon travail artistique où j’utilise l’expérience sonore qui sera transcrite graphiquement ou matérialisée. C’est une métaphore. Les ricanements (cf titre de la série en elle-même), c’est comme quand on glousse, tu vois quand tu ris, ta poitrine saute… Du coup ça tape sur des points précis. J’aurais pu appeler aussi les châtouillements, mais ce n’était pas assez fort comme mot. Je souhaitais faire une allusion à une moquerie, où il y a plein de petits rires qui envahissent (comme quand tu entends une foule rire, c’est un gros brouhaha finalement)

Quand je joue avec elle,
Dessins A4, stylo noir, crayon rouge et pastel rouge,
La Réunion, 2020

J’ai également eu des commandes sur le thème de cette série, que je posterais prochainement. Si vous souhaitez passer une commande, vous pouvez me contacter en précisant la taille souhaitée (A3, A4, A5, format raisin…).

Commander un dessin de la série “Les ricanements de mon corps”

Achetez un dessin original de la série sur du papier sans acide. Pour un même sujet choisi (bouche, jambes, yeux…), les positions du corps vont varier. Merci de me préciser le numéro d’ordre de l’achat et votre choix de sujet (ou choisir la position) par mail à mapile.contact@gmail.com

80,00 €

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Ce que voit une personne sourde ou malentendante chez une personne masquée.

Ce que voit une personne lambda chez une personne masquée.

Masques versus masque,
Photographies 2021
La Réunion

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  • 14 mars 2021

Sillonnant l’île de La Réunion et ayant en partie voyagé en Italie, Mathilde propose une série d’œuvres photographiques. Les sous-titres sont un moyen de décrire les bruits qu’on entend dans les vidéos ; elle adopte ce mode d’écriture pour décrire ce qu’elle entend en tant que personne sourde à travers divers paysages. C’est un jeu d’inversement : au lieu de sous-titrer pour les personnes sourdes ou malentendantes, elle va rendre accessible son silence, en lui ajoutant des sous-titres, pour les personnes non atteintes de déficience auditive.

Des paysages sous-titrés,
Photographies, édition à La Réunion 2021
LAURET Mathilde

Copyright – droits d’auteur réservés : toute diffusion ou toute utilisation commerciale de ces œuvres sont interdites sans accord avec l’artiste LAURET Mathilde.

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