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Suite à de nombreuses demandes de la part des visiteurs, médiateurs ou médiatrices, étudiant(e)s… Je décide de consacrer un article sur la série de dessins “Les ricanements de mon corps”, suivie “Quand je joue avec elle”. Les dessins ont tous été réalisés pendant le premier confinement en 2020, dans le contexte de la crise sanitaire liée au COVID-19.

Il est bien sûr possible de commander. Le bloc de commande de dessins se trouve juste après la galerie des images, en fin de cette page.

Les dessins en question – texte explicatif à la fin

Les ricanements de mon corps,
Dessins A4, stylo noir, crayon rouge et pastel rouge,
La Réunion, Mars à Avril 2020

En effet, j’ai voulu représenter les ondes, les contractions perçues dans l’air, comme si on écrasait l’air ambiant où tout circule Pour le spectateur, c’est en effet rendre visible et donner une idée visuelle aux spectateurs qui ne connaît pas ce monde ou bien n’en est pas conscient (vu qu’il utilise souvent les oreilles) La peau est une surface par laquelle une frontière peut advenir entre soi et l’autre, entre son corps et le monde. Le corps renvoie à une « caverne sonore » pour reprendre la métaphore d’Anzieu*

*Eloge du silence, Albin Michel, éditions Albin Michel, collection Espaces libres, 1986

Je développe une possibilité de présenter un monde silencieux comme un récit sous formes d’images. Plusieurs dessins vont composer leur propre série, puisqu’ils reprennent le même thème à chaque fois : une écoute des bruits que j’entends à travers mon corps chaque jour, puisque je suis sourde de naissance. Le silence absolu n’existe pas, comme appuyait fermement autrefois le compositeur John Cage. Tous ces dessins détiennent une histoire avec ses tristes facettes : ils ont tous été réalisés pendant Le premier confinement lors de la crise sanitaire 2020 autour du covid-19, c’est à dire du mois de Mars 2020 à Avril 2020. Le confinement a amplifié le silence. Mon corps vivait déjà dans un silence bruyant quotidiennement, mais le silence du confinement, au lieu d’être totalement thérapeuthique, a doublé la cacophonie chaotique des bruits du corps. Le confinement a mis le corps à nu, le rendant invisible, presque invisible à cause de la présence de nombreuses vibrations. Les lignes noires délimitent les parties de mon corps que je vois à peine. La circulation sanguine s’intensifie, le coeur est un tambour que le voisinage pourrait entendre de leurs propres oreilles, les articulations du corps grincent, craquent, les muscles gloussent à chaque mouvement. Le rouge est une couleur, qui à travers un protocole que j’avais élaboré, représente les sons graves mais qui semblent “parler” de manière ardue ou passionnée. Les dessins sont devenus un témoignage d’un silence perçu par le corps, qui est devenu violent et doux à la fois, perçu précisément à certains endroits du corps. Souhaitant faire une présentation poétique avec douceur, je finis également par dessiner la violence du silence, que le corps sourd a pourtant l’habitude d’endurer. Il est devenu une véritable caverne sonore. Ce semblant mélange d’artifices de nuisances sonores inaudibles que je vis pendant le confinement m’a rappelé l’oeuvre de John Cage 4’33”, ou encore l’installation artistique “Plight” de Joseph Bueuys en 1985, que j’ai eu la chance d’expérimenter au Centre Pompidou en 2016. Ce rappel m’a motivé à dessiner, un médium que je n’utilise pas souvent afin de donner une transcription visuelle.Chez “Plight”, des gros rouleaux de feutres absorbaient des bruits, en présence d’un piano qui vient accentuer un certain silence. La pièce était plongée dans un silence, mais multipliait des bruits atténués.

La question de l’écoute est au cœur de la pièce historique de John Cage, 4’33’’ datant des années 50. Pour John Cage, cette pièce n’est pas une provocation voulue mais le fruit d’une très longue réflexion. L’idée du silence est étroitement liée à sa vision du monde. Le silence permet L’expérience d’un certain absolu, c’est-à-dire de l’univers tel qu’il existe réellement.
Plus concrètement, la pièce est constituée des sons que révèle ce silence, c’est-à-dire le bruit des chaises qui grincent, les soupirs des spectateurs, et autres bruits sans importance. Son idée conceptualisée se rapproche du silence que je perçois : il y a toujours un bruit, sans rien entendre. C’est un tout autre univers dans lequel je vis.

Le bruit a aussi une capacité de laisser des empreintes comme tout être vivant le fait, sur L’environnement ou sur nos corps. Je tente de garder en mémoire, à travers une poésie graphique mais faussement violente, les passages de certaines formes de silences, des bruits différents que je perçois. Ces oeuvres, ou la série, représente(nt) une grande part de mon travail artistique où j’utilise l’expérience sonore qui sera transcrite graphiquement ou matérialisée. C’est une métaphore. Les ricanements (cf titre de la série en elle-même), c’est comme quand on glousse, tu vois quand tu ris, ta poitrine saute… Du coup ça tape sur des points précis. J’aurais pu appeler aussi les châtouillements, mais ce n’était pas assez fort comme mot. Je souhaitais faire une allusion à une moquerie, où il y a plein de petits rires qui envahissent (comme quand tu entends une foule rire, c’est un gros brouhaha finalement)

Quand je joue avec elle,
Dessins A4, stylo noir, crayon rouge et pastel rouge,
La Réunion, 2020

J’ai également eu des commandes sur le thème de cette série, que je posterais prochainement. Si vous souhaitez passer une commande, vous pouvez me contacter en précisant la taille souhaitée (A3, A4, A5, format raisin…).

Commander un dessin de la série “Les ricanements de mon corps”

Achetez un dessin original de la série sur du papier sans acide. Pour un même sujet choisi (bouche, jambes, yeux…), les positions du corps vont varier. Merci de me préciser le numéro d’ordre de l’achat et votre choix de sujet (ou choisir la position) par mail à mapile.contact@gmail.com

80,00 €

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  • 8 juin 2021
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